Aide-moi si tu peux by Attal Jérôme

Aide-moi si tu peux by Attal Jérôme

Auteur:Attal, Jérôme [Attal, Jérôme]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
ISBN: 2221157370
Éditeur: Éditions Robert Laffont
Publié: 2015-02-08T23:00:00+00:00


X

Le portail aux lattes blanches, dont les extrémités étaient taillées en pointe et qui prolongeait la palissade encadrant la maison, était grand ouvert. Nous le franchîmes pour emprunter une allée de graviers qui déclencha dès nos premiers pas le système d’éclairage. « On est dans Tron, ou quoi ? » laissai-je échapper. Autour de nous, la résidence pavillonnaire s’enfonçait progressivement dans le sommeil, nombreux volets clos, maisons fermées en raison des départs en vacances dus au long week-end de la Pentecôte. Une petite contrée fantôme mise sur veille automatique, à peine troublée par le chant des grillons qui résonnait au loin comme l’écho immuable d’un radio-réveil. « C’est fatigant ce bruit, dis-je. Quand je pense qu’il y a des personnes parfaitement censées qui ont ça comme sonnerie de téléphone portable…

— Quelle est la vôtre ? m’interrogea Sparks.

— Pardon ?

— Votre sonnerie de téléphone, c’est quoi ?

— Une chanson des années 80 », dis-je sans m’attarder.

J’appuyai sur le bouton de sonnette du pavillon des Georgin. Un ding-dong des plus banals. Je me souviens que mon père avait acheté en 1981 ou 1982 un supermodèle de sonnette à l’américaine qui entonnait à chaque pression de l’index une cinquantaine de titres que l’on réglait sur un boîtier à l’intérieur de la maison, parmi lesquels le standard du gospel : « Oh When the Saints Go Marching In » et la mélodie écossaise : « Auld Lang Syne » plus connue chez nous sous son titre français : « Ce n’est qu’un au revoir ».

La porte s’entrebâilla et Valérie Georgin nous accueillit, lovée dans un élégant peignoir à motif léopard, un cigarillo à la main.

Ses cheveux étaient emmaillotés dans une serviette de bain rose arrangée en turban, et de fines gouttelettes d’eau ruisselaient de temps à autre sur ses joues, avant d’exploser en silence sur les dalles du carrelage. « Je suis épuisée nerveusement, nous dit-elle en guise de bienvenue. Et vous n’arriviez pas. J’ai pris une douche et me préparais pour aller me coucher. »

Nous nous gardâmes bien de confesser que notre retard avait pour cause un arrêt dînatoire dans les années 80.

Elle nous fit entrer chez elle. Les vapeurs d’encens, agressives, en trop abondante quantité, étaient censées faire oublier le foutoir indescriptible qui régnait dans le salon. Elle s’assit sur un canapé trois places surchargé de coussins brodés. Puis proposa à Sparks un fauteuil, et, comiquement, me pria de m’installer à ses côtés, accompagnant sa parole d’un geste du poignet, ravissant et nu, bien qu’encombré d’une enfilade de bracelets et qui sortit de la manche de son peignoir comme un serpent à sonnettes jaillit de sa tanière.

Je dus agripper, puis, après une brève hésitation, jeter pêle-mêle à terre, cinq ou six coussins avant de trouver la place adéquate où m’asseoir.

C’était encore une jolie femme, bien que soutenir son regard plus de trente secondes donnait l’impression d’entrer de son plein gré dans un établissement psychiatrique doté de portes saloon (pour le battement de cils). Depuis la disparition de Tamara, du moins la confirmation



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